Concert des professeurs... - À vous de jouer

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Concert des professeurs...

Notre projet pédagogique tourne depuis l’année dernière autour du mouvement et de la musique. Les professeurs ont donc choisi de monter un répertoire de musique à danser, pour divertir, faire entendre comment "bougent" les musiques irlandaises, sud-américaines ou baroques, et montrer leur propre engagement corporel dans leur jeu instrumental. Que celui qui n’a pas compris que la musique sort du mouvement du corps et exprime les mouvements de l’âme, en regardant notre professeur de clarinette ou le duo saxophone et danseuse en particulier, lève le doigt !

-  Marche caisse claire de Jacques Delécluse, chef tambour de l’opéra

-  Danse macabre de Saint-Saëns (1875)
Version pour piano à quatre mains d’une pièce pour orchestre où les xylophones imitent les bruits secs des squelettes, où le Dies irae religieux est parodié, les explosions de cuivres (trompettes et trombones) échauffant cette danse infernale.
Minuit sonne. Satan va conduire le bal. La Mort paraît, accorde son violon, et la ronde commence, presque furtivement au début, s’anime, semble s’apaiser et repart avec une rage accrue qui ne cessera qu’au chant du coq.

Zig et zig et zag, la mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon,
La mort à minuit joue un air de danse,
Zig et zig et zag, sur son violon.
Zig et zig et zag, chacun se trémousse

-  Phoenix (Fushicho) de Ryo Noda (1983)
Pièce pour saxophone seul, dédiée à sa mère
La composition est basée sur un poème japonais parlant de la naissance-vie-mort brutale -re-naissance, histoire du Phénix, cet oiseau mythique qui renaît de ses cendres. Elle est construite sur des « phrases » qui peuvent paraitre se ressembler mais évoluent comme dans une histoire qui se joue comme on raconte, offrant une grande liberté d’interprétation…
Ryo Noda indique lui-même de lire le poème et la possibilité d’une improvisation dansée sur la musique.

-  Bossa : Saudade do Brasil de Philippe Ferré
Apparue dans les années 50, la bossa nova provient du rejet de la musique populaire traditionnelle brésilienne (composée principalement de sambas de type carnaval avec une utilisation obligatoirement massive des percussions comme accompagnement et de ballades simples, d’harmonie standard, aux voix douces et des textes sentimentaux.) La Bossa, inventée à Rio, introduit des harmonies complexes, une relation étroite entre paroles et musique ainsi qu’une attention à la forme du morceau La guitare devient l’instrument d’accompagnement de prédilection. Comme danse, la Bossa nova a eu moins de succès que la musique. Mais cette rythmique langoureuse donne irrémédiablement aux occidentaux que nous sommes envie de bouger avec souplesse .Elle se danse en couple ou seul.

- Valse : Amor perdido de Patapio Silva (1880-1907) flûtiste, concertiste virtuose et compositeur brésilien, qui mêle musique populaire (comme le choro) et écriture classique. Le Brésil est un pays très métissé dans ses musique aussi, occident, Afrique et Indiens se mêlent dans tout artiste de ce grand pays aux rythmiques si dansantes...

-  Samba : Brasileira extrait de Scaramouche de Darius Milhaud (1937)
Cette samba endiablée du Brésil (où Milhaud travailla à l’ambassade plusieurs années, ce qui inspiré beaucoup l’écriture de ce compositeur né à Marseille !) est ici transcrite pour saxophone alto et piano. Le rythme du piano se décompose d’une manière peu habituelle pour nous, en 1-2-3 ; 1-2-3 ; 1-2, (au lieu de 1-2-3-4 ; 1-2-3-4) à un tempo très rapide qui ne permet pas de comprendre d’où vient se déhanchement si particulier de cette musique. C’est toujours ce même rythme d’accompagnement cubain, dit Habanera qui traîne dans toutes les musiques populaires latines... Le saxophone joue tout en syncope, jamais sur les temps, pour imiter les rythmes brésiliens, si difficiles à réaliser pour nous, occidentaux, mais qui donnent tellement envie de danser !

-  Slow : Variation sur Hymne à l’amour d’ Édith Piaf (1949), de Thierry Villemin (2012)
Piaf a écrit sa chanson (au moins le texte) en hommage au boxeur Marcel Cerdan qu’elle aimait. Elle se prête à merveille à l’idée du slow, danse d’enlacement amoureux, avec ses modulations qui mènent au paradis..

-  Tango : Como dos extranos de Laurenz et Contursi (1940)
Comme deux étrangers... Une histoire argentine d’amour pas facile, déchirante et nostalgique. Le tango de Buenos Aires a déjà 50 ans d’existence quand est composé ce morceau, et il a définitivement perdu son caractère sautillant pour devenir expressif et exagéré comme on le connaît.

-  Tango-valse : Chiquilin, de Piazzolla et Ferrer (1968)
Piazzolla, compositeur argentin qui modernisa le tango, fait écouter cette mélodie à Ferrer en lui disant : c’est un peu comme une comptine pour enfants, n’est ce pas ? Ferrer propose alors de s’inspirer des jeunes enfants mendiants qui vendent des petits bouquets de fleurs dans la cantine de Bachín ; endroit auquel ils sont habitués.

Extraits :

A la nuit tombée, visage sale
De petit ange en jeans
Tu vends des roses aux tables
(...)
Chaque aurore dans les poubelles
Avec un pain et un spaghetti
Il se fabrique un cerf-volant
Pour s’enfuir, mais il reste là
(...)
C’est un homme bizarre,
Homme de mille ans,
Dont le fil de vie est emmêlé
(...)

Petit (Chiquilin)

Le tango-valse est un des genre du tango, qui est caractérisé par sa mesure à 3 temps. Les valses argentines originelles sont très rapides, on ne marque en dansant que le premier des trois temps. On est ici à la frontière avec la musique savante, et le tempo n’a plus rien de dansant. Mais l’esprit du tournoiement est peut-être toujours là...

-  Watermusic de Haendel(1733)
Suite (de danses) écrite pour un probable voyage du Roy d’Angleterre sur la Tamise. Les musiciens auraient été embarqués (c’est le cas de le dire !) dans l’aventure de suivre et divertir le roi sur l’eau. Si la « suite » est issue des suites de danses baroques (enchaînements de danses, vives, puis lentes pour se reposer), elle est surtout ici de la musique de pompe et de plein air, écrite pour instruments à vent. Il est peu probable qu’un clavecin ait été mis dans la barque, et encore moins une clarinette qui n’existait pas ! Et personne n’a probablement jamais dansé sur cette musique-là, mais on imagine très bien les révérences, la noblesse gracieuse des princes et duchesses tournant et se donnant la main sur ces trois pièces de musique baroque...

-  Jug of punch (Traditionnel irlandais) repris en 1993 par le groupe Altan
La danse irlandaise a connu son apogée au XIXe siècle, et de nombreux témoignages de voyageurs en Irlande prouvent son importance.
En raison d’une crainte de la disparition de la musique nationale et de ses instruments, un grand nombre de nationalistes convaincus se regroupèrent pour tenter de la faire revivre dans diverses associations. On assiste depuis les années 1970, et par vagues successives, à un intérêt très marqué pour cette musique dans le monde entier. Essentiellement mélodique, c’est la voix qui en forme la base et est source de multiples ornementations.
« Au verre de punch levé au coin du feu, une pensée tendre ira à celle qui, au commencement à fabriqué le pot... »

-  Wrong foot forward de Flook (groupe de musique irlandaise) (2005)

La musique de danse constitue un répertoire énorme (plus de 6 000 mélodies ou tunes) réparti en plusieurs types dont les trois principaux sont la jig (du mot français "gigue" qui lui-même vient de l’allemand geige, violon), le réel et le hornpipe.
La slip jig ou hop jig (comme celle jouée ici), à 9/8, n’était dansée que par les hommes au début, et ne l’est que par les femmes aujourd’hui, en compétition !

Toutes les danses irlandaises s’effectuent dans un même style : le corps très droit, peu de mouvements de bras ou alors très raides. Quand on danse seul, les bras sont tendus, le long du corps, légèrement tirés vers l’arrière. Il est d’usage de serrer les poings, ce qui amène naturellement les bras à une bonne position, sans être crispé.
Chaque danse commence en cinquième position classique. Les danses se font en solo ou en groupe

-  Fantaisie tzigane d’Albert Perrin
Les Tziganes ont malheureusement un statut à part partout, même dans les pays de l’Est où ils sont beaucoup plus nombreux en proportion dans la population. Mais ce sont absolument les seuls musiciens dont on veut pour animer les mariages, faire danser des invités déchaînés et émouvoir au larme le public. La clarinette, expressive, virevoltante comme une mariée ou dramatique comme un coup de blues, est l’instrument-roi des tziganes par sa virtuosité et ses capacités expressives.

-  Milonga : La trampera, d’Anibale Troilo (1960), arrangement Laurent Cligny
La trampera, ça vient de la trampa, le piège, la trappe, donc la traduction serait la piègeuse ou plus exactement souvent, la tricheuse. Une milonga est une danse du folklore de Buenos Aires, la capitale de l’Argentine, qui a gardé le tempo très rapide des débuts du tango (né à la fin du 19è siècle), et le rythme si caractéristique de la Habanera (utilisée par Bizet pour faire chanter à Carmen l’air le plus connu de toute l’histoire de la musique !)

-  Zamba : la Amorosa d’H. Diaz (1962)
La zamba est un genre populaire qui vient du centre nord (un peu ouest) de l’Argentine, de la province de Santiago del Estero. Cette province, sur la route de l’or du Pérou descendant vers le port de Buenos Aires, a été très fréquentée au tournant du XXè siècle. Peut-être peut on ainsi expliquer sa richesse musicale. La Amorosa veut dire l’amoureuse. La Zamba est une danse lente, et, comme toute les danses du folklore argentin des campagnes, elle se danse en grand groupe.